Tutoriel: Comment débuter en ski de rando?
En plein essor, le ski de randonnée connaît de nos jours un réel engouement dans les sports de montagne et encore plus après la crise du COVID 19 et la fermeture des remontées mécaniques pendant la saison 2019/2020. Accessible, source de sensations, au sein d’un environnement préservé il permet de s’échapper un tant soit peu des sports conventionnels et de découvrir une nouvelle approche de la montagne.
Cependant, comme tous les sports de montagne c’est un sport à risque où il est important d’en connaître les spécificités pour débuter en toute sécurité et dans de bonnes conditions. Nous avons constaté qu’il est parfois difficile pour une personne n’étant pas du milieu de savoir comment débuter le ski de randonnée en toute sécurité avec le matériel adéquat et les con-naissances suffisantes. C’est donc accompagné de notre guide Pierre Masbou alias Pierro que nous allons vous guider vers les bons gestes à adopter.
Pierre Masbou
Je m’appelle Pierre Masbou, je suis Aspirant-guide et moniteur de ski de formation. Je travaille actuellement en tant que gendarme secouriste - formateur au centre national de ski et d'alpinisme de la gendarmerie (CNISAG, centre de formation pour le secours en montagne). J’ai débuté la montagne et le ski de randonnée dans mes montagnes d’origines qui sont les Pyrénées. Citation célèbre qui est restée en moi depuis mes débuts « L’alpiniste est un homme qui conduit son corps là où, un jour, ses yeux ont regardé… »
L'origine du ski de randonnée
L'histoire du ski de randonnée
Le ski de randonnée a donc débuté il y a près de 4000 ans chez nos amis scandinaves. Pour pouvoir traquer le gibier sur de longues périodes ils ont trouvé judicieux de leur faire skis aux pieds. Doté de peaux de phoques ou d’élan, celles-ci leur permettaient non seulement d’avancer mais également de prendre des pentes. Reconnu utile, cette invention a donc été réadaptée à un usage militaire mais également pour les explorateurs au début du 19ème siècle. D’évolutions en évolutions le ski de randonnée à d’abord été un moyen de locomotion avant d’être utilisé en loisir. Il est sans équivoque qu'une évolution matérielle et des mentalités a permis l’ouverture de ce sport aux plus nombreux tel que nous le connaissons aujourd’hui.C’est avec cette évolution du matériel que nous allons alors pouvoir différencier le ski de randonnée plus classique du plus contemporain ski de freerando. En effet bien que similaires, ces deux pratiques du ski de montagne diffèrent. Lien utile pour les plus curieux sur l'épopée du ski de randonnée
Ski de rando ou de freerando?
Le skieur de randonnée est notamment à la recherche de performance dans l’allègement du matériel. Parcourir la montagne avec des skis aux pieds nécessite un matériel léger et fiable. Ce sport allie parfaitement effort physique à la montée et plaisir de skier dans des paysages grandioses source de sensations uniques à la descente sur des neiges vierges immaculées. Un avantage indéniable, ce sport peut être pratiqué partout dès les premières chutes de neige! Avec cette pratique on oublie les remontées mécaniques hors de prix et les pistes bondées, le ski de randonnée va vous permettre de découvrir la montagne sous son vrai visage avec le plaisir de laisser sa trace et de faire des rencontres impromptues avec la faune sauvage au détour d’une arête ou d’un rocher.
Autre discipline, le ski freerando va quant à lui être optimisé pour les sensations en descente. Si vous voulez sortir des sentiers battus et vous saupoudrer le nez de neige fraîche ce type de ski est fait pour vous! Ski large et maniable, vous concentrerez votre pratique sur la descente en acceptant de fournir un effort physique un peu plus conséquent à la montée qu’en ski de randonnée. C’est donc à l’aide des infrastructures existantes que vous vous éloignerez des pistes pour rider une pente vierge de toutes traces où les sensations de vitesse et de liberté vous prendrons pendant le ride.
Les mots de Pierro:
« En effet nous pouvons faire la différence entre le ski de rando et cette nouvelle pratique appelée freerando. Le matériel utilisé dans les deux pratiques n’est pas forcément identique. Le ski de rando est plus porté sur la découverte du milieu à la montée et à la descente. Il nécessite un effort physique conséquent qui n’est pas à à monter à l’aide des remontées mécaniques au point culminant des stations de ski, afin de monter de courtes distances à peaux de phoque pour permettre de profiter pleinement d’une grande descente en bonne condition. Ceci nécessite un matériel plus adapté à la descente et donc plus lourd. Pratiquant ces deux disciplines, les deux sont complémentaires. »
Quels skis choisir pour débuter la randonnée?
Ainsi, nous allons donc dans un premier temps définir à partir de certains critères comment choisir sa paire de ski de rando. Un choix d’entrée va être à réaliser dans la manière dont on veut évoluer en ski de rando. Nous allons donc différencier le ski de randonnée plutôt axé sur la performance à la montée (gamme ADRET) avec le ski de randonnée dit plaisir où un juste équi-libre poids/ performances/ plaisir va être trouvé (gamme UBAC ou SLAP). On va donc juger un ski à son degré de polyvalence, d’accessibilité, de stabilité, d’aptitude à la montée, d’aptitude à la descente, de maniabilité.
Les skis de la gamme ADRET sont des produits très techniques. Ils sont ultra-léger et necéssitent donc un bon bagage technique pour les maitriser. La gamme UBAC quant à elle est un compromis parfait entre légerté à la montée et performance à la descente. Cette gamme de ski est donc plus adaptée aux skieurs de randonnée néophytes, notamment avec les modèles dotés d'une largeur moyenne UBAC 89 ou UBAC 95.
Sur un ski concrètement cela se construit ainsi, on va parler de:
C’est donc en fonction de votre niveau de ski, degré d’expérience en montagne, type de sorties (beaucoup de dénivelé, raids sur plusieurs jours, sorties sur tout type de neige), et de votre ambition que vous allez choisir un ski adapté à votre pratique.
Comment choisir ses fixations de ski de randonnée?
- Fixations à inserts dites "low tech". Ce sont les fixations les plus présentent sur le marché. Plus légères et faciles à manipuler, elles offrent une plus faible possibilité de réglage mais un gain de poids indiscutable. Différent niveau de sécurité sont proposés en fonction des marques et modèles. Généralement plus on choisit une fixation légère moins l’on disposera de sécurité au déchaussage. Les éléments à prendre en compte sont le réglage du DIN en latérale et arrachage (il est parfois réglable sur une plage de de 4 à 12 par exemple ou peut aussi être fixe à 6 ou 8 sur les fixatiosn très légères). Nous conseillons aux skieurs débutant en randonnée de partir sur une fixation avec une valeur DIN réglable afin de maximiser la sécurité. L'utilisation de stop skis est aussi un gain de confort et de sécurité non négligeable. Par exemple comme notre fixation réalisée en co-branding avec la marque italienne ATK: la Raider 10.
- Les fixations "hybrides" de freerando qui offrent toute la sécurité et la flexibilité d’une fixation alpine avec la possibilité en plus de randonner. La priorité est mise sur la performance à la descente et la sécurité. Elle est plus volumineuse et plus lourde que la fixations de ski de randonnée classique à insert "low tech" en revanche elle est plus polyvalente et donne généralement plus de sécurité à la descente pour le skieur. Elle est un bon compromis entre la fixation à inserts et la fixation à plaque, pour un poids entre 1000 et 1700 grammes la paire, et parfois des certifications DIN et TÜV qui normalisent les valeurs de déclenchement pour apporter cette fameuse sécurité que l’on retrouve en ski alpin. Voici quelques exemples: Salomon shift, Fritschi tecton 13, Marker duke PT/ Kingpin... Nous conseillons principalment chez ZAG la Diamir tecton 12 et la Salomon SHIFT qui ont la chance de porter la norme TÜV et donc d'apporter la sécurité maximale au skieur. Ces montages sont souvent réalisés sur nos gammes UBAC, SLAP ou HARFANG.
Aujourd’hui l'offre se concentre principalement sur les fixations à inserts et les hybrides.
Nota bene : Faire attention à ce que l’embase de la fixation et la largeur du stop ski soit compatible avec la largeur du ski. On favorisera une fixation hybride pour un ski freerando et une fixation Low Tech pour un ski de randonnée. Maintenant que vous avez une idée plus précise de quel ski et quelle fixation choisir en fonction de ce que vous voulez faire, nous allons nous pencher sur l’aspect pratique de la chose!
Comment chausser/déchausseur en ski de rando?
Pour chausser une fixation low tech il faut ouvrir la mâchoire de la fixation, aligner sa chaussure sur les ergos et appuyer sur le ressort pour que la mâchoire se ferme. Une fois fait, il faut venir tirer sur le loquet avant pour verrouiller la fixation en mode « marche » et ainsi éviter de déchausser pendant l’effort à la montée. Ensuite, pensez bien à mettre votre talon en position montée et à ajuster vos cales. En principe la première cale suffit pour la majorité des pentes. Lorsque vous évoluez sur un terrain relativement plat il n’est pas nécessaire de mettre vos cales, votre talon peut directement toucher le ski. Pour sur ce qui est du réglage des stop-skis, sur une fixation de ski de randonnée cela va se faire par la rotation de votre talonnière.
Pour déchausser, à l’aide de votre bâton vous allez pousser le loquet de manière à le faire descendre puis tourner votre talon vers la droite ou la gauche pour sortir la chaussure du U.
Les mots de Pierro
« Donc en effet, si le montage a bien été fait, pour chausser il suffit de poser la chaussure à plat sur le ski entre les deux fixations (avant/ arrière), venir mettre en butée le talon sur la fixation arrière (attention suivant les modèles de fixations un écart de quelques mm peut être nécessaire) et à ce moment-là vous pouvez appuyer sur la pointe du pied pour actionner le ressort afin que les mâchoires entrent dans les inserts de la chaussure. Pour que cette méthode s’applique il faut que la cale arrière soit en position de montée. »
Monter en ski de randonnée: la conversion
Vous avez déjà certainement dû constater dans la neige de grands zigzag sur des pentes. Chaque épingle est ce que l’on appelle une conversion. Le principe de la conversion est simple, lorsque vous montez si vous estimez que l’inclinaison de la pente est trop forte pour être atta-quée de front vous allez entamer une conversion. Cette méthode vous permet de ne pas vous fatiguer inutilement.
Imaginons que vous allez faire une conversion vers la gauche:
Vous allez ouvrir vos bras (comme le monsieur en dessous), lever votre ski en amont et le faire tourner vers la gauche (n’hésitez pas à bien appuyer pour pouvoir faire ensuite votre transfert de poids). Vous allez ensuite charger votre poids sur cette jambe et plier votre jambe aval (ici la droite), plier le genou et faire pivoter votre ski jusqu’à ce qu’il soit de nouveau parallèle à l’autre. Et hop le tour est joué, vous poussez un petit coup sur les bâtons et vous êtes repartis !
Comment mettre ses peaux de phoque?
Il existe sur le marché plusieurs types de peaux mais le principe est le même, pour bien mettre une peau de ski de rando on va poser le talon du ski au sol, dresser le ski à la verticale et enfiler l’étrier de la peau sur la spatule. Là vient la partie « technique » où, délicatement vous allez tendre et aligner la peau sur toute la longueur du ski. Faites attention à ne pas créer de plis ou faire dépasser la peau sur les carres. Vous pouvez ensuite utiliser le tendeur (certaines peaux typées race ne disposent pas de tendeur afin de pouvoir peauter/dépeauter sans déchausser) talon afin que la peau ne se décolle pas durant l’ascension. On va distinguer les peaux de phoque de type « race » (avec un seul tendeur à l’avant) des peaux plus classiques (avec un étrier et un tendeur à l’arrière).
Comment aborder la descente en ski de randonnée?
Une fois arrivé à votre objectif, pris le temps d’admirer la vue et de casser la croute, il est désormais temps de penser à redescendre. Pour ce faire vous allez dans un premier temps dépeauter (c’est-à-dire enlever les peaux de vos skis et les ranger dans votre sac). Ensuite, pour vous mettre en mode descente rien de plus rapide ! Vous tournez votre fixation arrière d’un quart ou d’un demi tour suivant le modèle afin d’avoir le U dans l’axe de votre talon et vous claquez d’un coup sec le pied afin que ceux-ci s’emboîtent correctement! Pensez également à déverrouiller votre fixation avant car autrement c’est votre genou qui risque d’y passer en cas de chute! Vous êtes fin prêt à rider la pow!
Comment bien régler ses fixations de ski de rando?
Voilà ici un petit détail qui pourrait vous éviter de gros fracas, une fixation bien réglée est une fixation qui est adaptée à la longueur de vos coques et qui en fonction de votre poids ne se déclenchera que si une pression trop forte est exercée. Il faut donc éviter qu’elle ne se déclenche trop vite comme à l’inverse qu’elle ne se déclenche pas du tout. On mesure le déclenchement d’une fixation par le DIN. Cette unité de mesure permet d’ajuster la fixation à votre poids. Vous pouvez ici vous fier à l’échelle AFNOR pour le réglage de vos fixations.
Attention si vos compétences techniques ne sont pas parfaites nous vous conseillons tout de même de vous rendre dans un magasin spécialisée ski de rando afin qu’il ajuste vos fixations à votre chaussure et votre niveau ! De plus en fonction du type de fixation et du modèle certains réglages supplémentaires peuvent être nécessaires. Donc raison de plus pour confier le réglage à un professionnel si vous ne connaissez pas tous les moindres détails de votre matériel.
Les mots de Pierro:
"A la montée nous avons généralement tendance à charger le poids du corps sur la pointe des pieds. De ce fait la charge est essentiellement appliquée sur l’avant du ski et peut entraîner une perte d’adhérence de la peau. Ce que je conseille plutôt c’est d’appuyer sur les talons (ça va tirer un peu dans les mollets au début) car la charge sera répartie sur l’ensemble du ski, permettant aux peaux de phoques d’accrocher mieux.
A la descente il est vraiment important que vos fixations soient parfaitement réglées à votre chaussure pour éviter les déchaussages intempestifs. Si le DIN n’est pas adapté ou au contraire qu’un réglage trop dur vous empêche de déchausser. Dans les deux cas ceci représente un risque de chute qui pourrait vous surprendre ou encore pire, vous faire mal !
En cas de perte de ski, les fixations peuvent être équipées de leach ou de stop skis. A choisir je vous conseillerais les stops-skis car moins dangereux en cas d’avalanche. »
Maintenant que vous en savez plus sur le matériel à choisir, nous allons nous focaliser sur le choix de la sortie et la planification de l’itinéraire. Aller faire du ski de randonnée c’est préparer sa sortie en amont et s’assurer que votre niveau corresponde à la sortie choisie. S’il vous est difficile de définir votre niveau technique ou d’analyse vous pouvez avoir recours à un professionnel de la montagne (guide de haute montagne ou moniteur de ski)."